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L'ensemble architectural de La Romieu est un magnifique exemple du mécénat exercé par des dignitaires de la cour papale d'Avignon et dont la France méridionale fut la principale bénéficiaire.

 

L'église :

 

   La collégiale Saint Pierre formait l'essentiel d'un ensemble qui comprenait  un cloître et l'habitation des bénéficiers du chapitre, ou chanoinie, ainsi que le doyenné et le palais du cardinal situé au sud-ouest du cloître.

 

   Très rapidement construite entre 1312 et 1318 (date à laquelle le cardinal d'Aux en fit lui- même la dédicace) elle a le plan d'une grande chapelle : un seul vaisseau suffisait en effet pour l'usage exclusif qu'en avaient les chanoines. Cependant, ces proportions ne sont pas celles de la nef unique méridionale : pour une longueur totale de 36 mètres, la largeur dépasse à peine 9 mètres, alors que la hauteur sous clef atteint 15 mètres.

 

   Suivant le témoignage de l'abbé Broconat, l'ensemble de l'église était peint : " dans le sanctuaire, à l'entrée, figuraient les deux titulaires de l'église, Saint Pierre, du coté de l'Evangile, et Saint Paul, du côté de l'Epître, et rangés dans les divers compartiments de la voûte, des anges balançaient un encensoir d'or en le dirigeant vers l'agneau représenté sur la clef. Dans la nef étaient peints debout, du coté de l'Epître, les quatre grands et les 12 petits prophètes, chacun des personnages ayant à la main une banderole sur laquelle se lisaient quelques titres de ses prophéties. Du côté de l'Evangile, on voyait les apôtres et les Evangélistes".

            Or en 1864 on décida un décapage général pour mettre à nu l'appareil de pierre de taille. Du décor peint ne subsistent dans l'église que trois écussons découverts sur le tympan intérieur de la porte d'entrée, sous plusieurs couches de badigeon. Deux de ces écussons sont semblables et portent les armoiries des seigneurs d'Aux, patrons du chapitre; ils sont séparés par l'écusson du seigneur de Firmacon.

 

La Tour de la Sacristie :

 

            L'église est flanquée au nord-est et au nord-ouest de deux tours. On rapprochera ce parti d'ensemble de celui de certains "châteaux gascons" contemporains, caractérisés par une "salle" unie à deux tours.

            La plus monumentale des deux tours de La Romieu est celle de l'est, de forme octogonale. Peut-être doit-on évoquer à son sujet l'exemple du château que les sires de Firmacon avaient fait construire, non loin de là, au Mas d'Auvignon. Epaulée par six vigoureux contreforts, la tour de La Romieu comporte 3 belles salles superposées, voûtées d'ogives et éclairées par des fenêtres étroites. On passe d'un étage à l'autre à l'aide d'un escalier à vis enfermé dans une tourelle carrée. Traditionnellement on identifie la salle inférieure avec la sacristie (c'est encore sa destination actuelle), la seconde avec la salle capitulaire et la troisième avec la salle des archives, l'ordre des deux dernières étant parfois interverti. Couronnant l'ensemble, un belvédère, ajouré sur chacune de ses faces de 2 grandes fenêtres tréflées, annonce les constructions aériennes qui se développeront dans les parties hautes des châteaux forts à la fin du XIVè siècle. Il est surmonté d'une balustrade découpée de petites roses.

            Probablement les 3 salles étaient elles peintes, mais seule la sacristie a conservé son décor. Dans les compartiments de la voûte, 16 anges tiennent les couronnes, jouent de la trompette ou balancent un encensoir. La tête nimbée de rayons, selon une formule très répandue dans le Sud Ouest de la France à la fin du XIIIè siècle et dans la première moitié du XIVè, ces silhouettes gracieuses se détachent sur un fond blanc. Sur les murs des quadrilobes renfermant des écussons armoriés, le plus souvent indistincts, alternent avec des octogones. Ceux-ci portent dans les rangées inférieures des personnages à mi-corps et dans les parties hautes des murs un décor abstrait.

 

La tour carrée :

 

La tour carrée est bâtie au-dessus de la  galerie du cloître. Elle a quatre étages et repose sur des arcades, deux en plein cintre et deux en tiers-point. Elle contient les cloches dont une, la plus grosse (900 kg) est l’une des plus vieilles du Gers (1450).
Cette tour est liée aux étages du cloître, à l’église, mais surtout aux bâtiments du Palais qui s’élevaient sur plus de 3600 m² à l’ouest de la collégiale.
Cette tour a été construite postérieurement à l’église collégiale, mais en même temps que le cloître. Ce n’était pas une tour fortifiée (grandes ouvertures).
L’escalier qui dessert cette tour est lui aussi logé dans une tourelle carrée adossée au mur de l’église. Il conduit aux quatre étages et permet d’accéder à la toiture de l’église (qui autrefois était une terrasse). La particularité de cet escalier se situe à sa base. En effet, sur 11  marches, cet escalier est à double révolution autour d’un noyau central. Dans le petit couloir semi-circulaire creusé dans le mur pour rejoindre les deux accès, on trouve trois petites meurtrières qui permettent de voir le cloître, l’église et la tour du Palais.
Construit sur le même schéma que celui de Chambord, cet escalier qui date du XIV siècle était certainement conçu dans un objectif de défense.
A voir absolument !

 

Le Cloître

 

   Le cloître est situé au Nord de l’église et a probablement été construit après l’église et en même temps que le clocher.
Lieu de vie et de prière réservé exclusivement aux chanoines, il possédait à l’origine deux étages. On peut encore voir les traces de corbeaux qui servaient à soutenir les étages, ainsi que des restes d’éviers au sud et au nord.
   Le cloître est formé de quatre arcatures à baies géminées et trilobées et quatre portes en permettent l’accès.
Le grand portail nord donnait sur la ville. Dans l’angle sud, la porte était réservée au chapitre. La porte méridionale donnait accès au palais. La porte ouest donnait également accès au palais.
Les  chapiteaux du cloître étaient ornés de feuillages et de figurines. La base était prismatique. Dans l’ensemble, les animaux s’associent souvent à un personnage, tout comme le décor floral. La disproportion des personnages (la tête par rapport au corps) est imprégnée des canons romans.
Le cloître fût incendié en 1569 et les étages (en bois) furent détruits. De cet incendie gigantesque on peut trouver la trace sur les piliers du cloître qui ont été partiellement érodés. Certains piliers ont fait l’objet de restauration au cours des siècles comme on peut le constater de nos jours.
Au dessous du niveau du premier étage on peut apercevoir une litre funéraire peinte. Sur celle-ci on distingue des blasons (découverts en 1995) :
-           Au milieu le blason familial (Aux)
-           Au dessus la couronne des marquis d’Aux
-           De part et d’autre deux lions qui tiennent la couronne
-           En dessous le collier des Chevaliers de Malte

Par le premier étage, du coté nord, on communiquait avec une maison de l’autre coté de la rue (on voit encore une porte murée) qui s’étendait jusqu’au fossés de la ville. Il s’agissait de la maison du Doyen du Chapitre.

 

Le Palais du Cardinal

 

   Le Cardinal d’Aux ajouta un palais à sa construction, situé coté Ouest de la collégiale. Probablement semblable aux livrées cardinalices (Avignon), ce palais était destiné à recevoir les appartements du cardinal et de sa suite. Son emplacement permettait un accès privilégié du cardinal dans l’église collégiale. Vraisemblablement constitué de plusieurs maisons particulières articulées autour de cours centrales, le palais fut acheté bien national à la Révolution Française et fut vendu carrière de pierre. Les étages disparurent à cette époque là.
   On peut voir aujourd’hui la tour dite « du Cardinal » ainsi que les murs du palais qui servent aux maisons d’habitations derrière la collégiale. L’entrée occidentale du Palais est assez bien conservée avec sa voute en ogive protégée par des mâchicoulis.

 

 

   L'ensemble architectural de La Romieu est un magnifique exemple du mécénat exercé par des dignitaires de la cour papale d'Avignon et dont la France méridionale fut la principale bénéficiaire.

 

 

L'ensemble collégial Saint Pierre 

visite cloitre collegiale et tour, fresques de la sacristie
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